Le Concept du Bauhaus

Le Bauhaus a été fondé en 1919 dans la ville de Weimar par l’architecte allemand Walter Gropius (1883-1969). Son objectif principal était un concept radical: réinventer le monde matériel pour refléter l’unité de tous les arts. Gropius a expliqué cette vision d’une union de l’art et du design dans la Proclamation du Bauhaus (1919), qui décrivait une guilde artisanale utopique combinant architecture, sculpture et peinture en une seule expression créative. Gropius a développé un programme basé sur l’artisanat qui allait devenir des artisans et des designers capables de créer des objets utiles et beaux appropriés à ce nouveau système de vie.

Bauhaus

Le Bauhaus a combiné des éléments de l’enseignement des beaux-arts et du design. Le programme a commencé par un cours préliminaire qui a plongé les étudiants, issus de divers horizons sociaux et éducatifs, dans l’étude des matériaux, de la théorie des couleurs et des relations formelles en préparation à des études plus spécialisées. Ce cours préliminaire était souvent dispensé par des artistes visuels, notamment Paul Klee (1987.455.16), Vasily Kandinsky (1866-1944) et Josef Albers (59.160), entre autres.


L’art dans l’industrie

Après leur immersion dans la théorie du Bauhaus, les étudiants sont entrés dans des ateliers spécialisés, qui comprenaient le travail des métaux, l’ébénisterie, le tissage, la poterie, la typographie et la peinture murale. Bien que le but initial de Gropius était l’unification des arts par l’artisanat, certains aspects de cette approche se sont révélés financièrement irréalisables. Tout en maintenant l’accent sur l’artisanat, il a repositionné les objectifs du Bauhaus en 1923, soulignant l’importance de la conception pour la production de masse. C’est à cette époque que l’école a adopté le slogan «L’art dans l’industrie».

En 1925, le Bauhaus déménage de Weimar à Dessau, où Gropius conçoit un nouveau bâtiment pour abriter l’école. Ce bâtiment contenait de nombreuses caractéristiques qui sont devenues plus tard les caractéristiques de l’architecture moderniste, y compris la construction à ossature d’acier, un mur-rideau en verre et un plan de moulin à vent asymétrique, tout au long duquel Gropius a distribué des studios, des salles de classe et des espaces administratifs pour une efficacité maximale et une logique spatiale.

Creations et Ateliers

L’atelier d’ébénisterie était l’un des plus fréquentés du Bauhaus. Sous la direction de Marcel Breuer (1983.366) de 1924 à 1928, ce studio a repensé l’essence même du mobilier, cherchant souvent à dématérialiser les formes conventionnelles telles que les chaises à leur existence minimale. Breuer a théorisé que finalement les chaises deviendraient obsolètes, remplacées par des colonnes de soutien ou de l’air. Inspiré par les tubes en acier extrudé de son vélo, il a expérimenté avec des meubles en métal, créant finalement des chaises en métal légères et productibles en série. Certaines de ces chaises ont été déployées dans le théâtre du bâtiment Dessau.

Bauhaus 3


L’atelier textile, spécialement sous la direction du designer et tisserand Gunta Stölzl (1897–1983), a créé des textiles abstraits adaptés à une utilisation dans des environnements Bauhaus. Les étudiants ont étudié la théorie et le design des couleurs ainsi que les aspects techniques du tissage. Stölzl a encouragé l’expérimentation avec des matériaux peu orthodoxes, y compris la cellophane, la fibre de verre et le métal. Les tissus de l’atelier de tissage ont connu un succès commercial, fournissant des fonds essentiels et indispensables au Bauhaus. Les textiles du studio, ainsi que la peinture murale architecturale, ornaient les intérieurs des bâtiments du Bauhaus, offrant un intérêt visuel polychrome mais abstrait à ces espaces quelque peu sévères. Si l’atelier de tissage était principalement composé de femmes, cela était dû en partie au fait qu’elles étaient découragées de participer à d’autres domaines. L’atelier a formé un certain nombre d’éminents artistes textiles, dont Anni Albers (1899–1994), qui a continué à créer et à écrire sur les textiles modernistes tout au long de sa vie.

la production de masse

Le travail du métal était un autre atelier populaire au Bauhaus et, avec l’atelier d’ébénisterie, a été le plus performant dans le développement de prototypes de conception pour la production de masse. Dans ce studio, des designers tels que Marianne Brandt (2000.63a – c), Wilhelm Wagenfeld (1986.412.1-16) et Christian Dell (1893-1974) ont créé de beaux objets modernes tels que des luminaires et de la vaisselle. Parfois, ces objets étaient utilisés sur le campus du Bauhaus lui-même; des luminaires conçus dans l’atelier de ferronnerie ont illuminé le bâtiment Bauhaus et certains logements de la faculté. Brandt a été la première femme à fréquenter l’atelier de métallurgie et a remplacé László Moholy-Nagy (1987.1100.158) en tant que directrice de studio en 1928. Beaucoup de ses créations sont devenues des expressions emblématiques de l’esthétique du Bauhaus. Sa théière sculpturale et géométrique en argent et ébène (2000.63a – c), bien que jamais produite en série, reflète à la fois l’influence de son mentor, Moholy-Nagy, et l’accent mis par le Bauhaus sur les formes industrielles. Il a été conçu avec une attention particulière à la fonctionnalité et à la facilité d’utilisation, du bec anti-goutte à la poignée en ébène résistant à la chaleur.

L’atelier de typographie, bien que n’étant pas au départ une priorité du Bauhaus, est devenu de plus en plus important sous des personnalités comme Moholy-Nagy et le graphiste Herbert Bayer (2001.392). Au Bauhaus, la typographie a été conçue à la fois comme un moyen de communication empirique et une expression artistique, avec une clarté visuelle soulignée avant tout. Parallèlement, la typographie est devenue de plus en plus liée à l’identité d’entreprise et à la publicité. Le matériel promotionnel préparé pour le Bauhaus lors de l’atelier, avec leur utilisation de polices sans empattement et l’incorporation de la photographie comme élément graphique clé, a servi de symboles visuels à l’institution d’avant-garde.

No Comment

Comments are closed.